Booster la production de nouveaux neurones !

Les neurones présents dans l’hippocampe, région du cerveau jouant un rôle dans la mémoire et les émotions, ont la capacité de constamment se renouveler. Du moins, s’ils sont stimulés…

Le cerveau est une machine particulièrement bien huilée. Parmi la centaine de milliards de cellules nerveuses qui le composent, celles retrouvées dans l’hippocampe seraient capables de se régénérer, les anciens neurones laissant alors place aux nouveaux. L’hippocampe, la région du cerveau située dans le lobe temporal médian, joue un rôle central au niveau de la mémoire, et notamment la formation des souvenirs. La structure serait même impliquée dans la gestion des émotions.

Ce phénomène de production en continu, qui se nomme « neurogenèse », se traduit par la transformation d’une cellule-souche neurale en un neurone fonctionnel du système nerveux. Pour autant, si les cellules-souches possèdent naturellement la capacité de s’auto-renouveler, il semblerait qu’elles ne soient pas toujours en mesure de s’exécuter automatiquement. Du moins, si elles ne sont pas stimulées…

À l’occasion du colloque S3Odéon, réunissant les pontes de la médecine actuelle, le Pr Pierre-Marie Lledo a indiqué que diverses expériences effectuées sur des rongeurs ont permis de constater que cette compétence tendait à diminuer, et même disparaître, dans certains cas. En revanche, lorsque les souris se trouvaient dans de bonnes conditions, le travail de neurogenèse s’est vu multiplié par trois, en à peine quelques semaines.

Une routine à fuir impérativement

Ainsi, vous comprendrez alors que les neurones sont capables de se renouveler… Seulement s’ils sont stimulés ! Le directeur du département de Neuroscience à l’Institut Pasteur a choisi de lister les six points essentiels, propices à la fabrication de neurones fonctionnels. Le premier conseil : éviter la routine. Pierre-Marie Lledo n’a pas manqué de souligner que « le cerveau se détruit de la routine ».

En effet, ce dernier nécessite du changement pour conserver une bonne tenue des éléments qui le constituent, il se nourrit des petits bouleversements du quotidien. En clair, le changement stimule et, donc, favorise la production neuronale. Selon le spécialiste, il faut absolument « respecter la libido sciendi, c’est-à-dire la soif de comprendre et d’apprendre », c’est impératif.

Se libérer de l’infobésité qui oppresse le cerveau

En second, l’infobésité constitue également l’un des éléments qui contrecarrent complètement la stimulation neuronale. « L’information qui nous fait juste savoir est absolument délétère, et n’incite pas le cerveau à produire de nouveaux neurones. Bien au contraire, ce dernier, bombardé d’informations, est alors condamné à l’anxiété », a souligné le chercheur. À l’ère 2.0 où la Toile offre une multitude indénombrable d’informations en seulement quelques secondes, le cerveau souffre d’une surcharge qui l’oppresse et l’empêche de se tonifier correctement.

L’infobésité, également nommée « surcharge informationnelle », noie le cerveau sous une montagne d’information qu’il n’est pas en mesure de supporter. Que conseille alors le professeur Pierre-Marie Lledo ? Trier soit même les données reçues en mettant l’accent sur celles qui nous amènent à la compréhension, qui stimule le cerveau, plutôt que les informations qui n’apportent qu’un savoir superficiel que l’on ne va peut-être même pas retenir dans la plupart des cas.

Eviter la prise d’anxiolytiques et de somnifères

Si vous souffrez d’angoisse, de stress et même de lourds problèmes de sommeil, sachez que les anxiolytiques et somnifères généralement prescrits dans ces cas précis sont « contre-indiqués » pour ce qui est de la stimulation neuronale. Le but de ces produits est justement d’amoindrir temporairement les capacités de réflexion et de compréhension du cerveau, alors même que c’est ce qu’il est, par nature, voué à faire.

La consommation de ces médicaments permet donc d’activer le mode « pilote automatique » dans le cerveau, empêchant toute stimulation des neurones et, donc, annihilant complètement les possibilités de renouvellement de ces derniers.

Lutter contre la sédentarité

Si la sédentarité traîne une mauvaise réputation pour ce qui est des muscles et de la circulation sanguine, le cerveau n’en n’est pas moins épargné. Pour le Pr Pierre-Marie Lledo : « Il nous faut lutter contre la sédentarité car la science nous dit que, en cas d’activité physique, les muscles produisent des substances chimiques (nommés facteurs trophiques) qui, par voie sanguine, viendront agir sur le cerveau et particulièrement sur la niche de cellules-souches ». Ainsi, il apparaît donc qu’un véritable lien de corrélation existe entre la stimulation musculaire et la production de neurones fonctionnels au sein du système nerveux.

Cultiver sa sociabilité 

Le célèbre personnage de roman Robinson Crusoé – qui s’inspire en réalité de la vie du marin écossais Alexandre Selkirk – conte l’histoire d’un homme seul ayant fait naufrage sur une île déserte. Durant 28 ans, l’homme voit son état mental se dégrader au fil du temps. S’il est de notoriété publique que la solitude pèse sur le moral de l’être humain, elle pourrait également jouer un rôle dans la stimulation des neurones du cerveau.

L’Homme semble nécessiter la présence des autres pour se nourrir de leurs différences : « C’est ce qu’on appelle globalement le cerveau social. Plus vous allez cultiver votre altérité, et plus vous allez soigner votre cerveau car il sera enclin à produire plus de nouveaux neurones ».

Prendre soin du microbiote intestinal

En sixième et dernier point, le spécialiste a évoqué la bonne tenue du microbiote. De récents documentaires et études ont permis de mettre en évidence un lien de corrélation entre la flore intestinale et le cerveau. L’impact du microbiote serait tellement conséquent que cet écosystème, qui fleurit dans le ventre de tout un chacun constituerait même le « deuxième cerveau » selon bon nombre de spécialistes.

Ainsi, les menus alimentaires qui rythment nos quotidiens sont donc extrêmement importants, du moins, ce dont ils sont composés. Un régime alimentaire varié a le pouvoir de faire proliférer diverses espèces de bactéries bien spéciales, responsables de production de neurones fonctionnels. Gare donc notamment aux aliments gras et riches en sucres.

Emmanuel Perrin

 

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